« Les hommes sont les seuls chasseurs qui tuent lorsqu’ils n’ont pas faim. »

Et voilà, le dernier bouquet de fleurs blanches entremêlées de feuilles de fougères venait d'être fixé au dernier pilier de la salle de réception par la fleuriste de Brooklyn. Elle avait terminé à temps l'installation de sa décoration florale avant qu'un groupe de militaire n'entre dans l'immense salle aux hautes voûtes. Reginleif les salua d'un petit signe de tête avant de retourner s'occuper un peut plus loin d’arranger un énorme pot de fleur qui contenait des oiseaux de paradis et d'autres espèces exotiques. N'allez pas croire qu'elle à quelque-chose à voir avec cette cérémonie, on l'a simplement contacte une semaine à l'avance pour s'occuper de la décoration de cette salle. Prenant un peut de recule, la fleuriste à la longue chevelure noir leva les yeux de ses fleurs pour regarder un peut mieux autour d'elle. Le sol semblait être fait de marbre, pareil pour les colonnes et ce grand escalier blanc qui menait certainement dans les étages supérieur. On se serait presque cru dans un temple.

Vêtue de sa longue robe blanche sans motif au corsage retenue par une simple ficelle de lin, sa longue et soyeuse chevelure cascadant dans son dos, Reginleif, dans ce décors, aurait pu être confondue avec une princesse ou une reine de l'ancien temps. Comme elle était la fleuriste, personne ne faisait attention à elle, alors elle continuait d'arranger certains bouquets ou pots histoire que tout soit vraiment parfait. Les conversation ses mirent à fuser un peut partout dans la salle qui fut très rapidement noir de monde. Des militaires de tout rang, leurs femmes dans des robes somptueuses accrochées à leurs bras. Ces robes humaine qu'avait en dégoût la Valkyrie, le tissus était trop fin, heureusement qu'elle avait ramené quelques tenues d'Asgard avant d'être exilée. Chassant ces images et sa mauvaise humeur passagère, la demoiselle s'approcha d'un coin très calme, un peut en retrait des escaliers, loin de l'estrade surmontée d'un micro et des chaises. Un homme moustachu, se tenait droit comme un piquet, et pourtant son expression tendue le trahissait. Il s'agissait sans doute d'un haut gradé, un chef de bataille, pensait l'Asgardienne. Tout doucement elle s'approcha de cet individus qu'elle ne connaissait pas et lui offrit son ravissant sourire de fleuriste. Après tout on ne l'avait pas interdite de rester à la cérémonie, et encore moins de parler avec les soldats.

« Bonjour, je suis Reginleif Lydia Valkyrie, la fleuriste de cette cérémonie. Vous êtes sur d'aller bien ? Vous me semblez un peut palot... »

« Les hommes sont les seuls chasseurs qui tuent lorsqu’ils n’ont pas faim. »

L'Asgardienne avait bien compris à la réaction de cet homme qu'il n'était pas disposé à discuter. D'autant plus qu'elle n'était qu'une simple inconnue à ses yeux, mais au moins il lui avait répondu et ne faisait pas mine de l'ignorer comme la plupart des personnes présentes dans cette salle. Elle n'écoutait pas le discours ennuyeux qui avait commencé. Cet homme en uniforme était donc générale, et à l'intonation de sa voix, la Valkyrie compris que c'était peut-être une mauvaise idée de lui parler et qu'il la ferait raccompagner jusqu’à la sortie par deux soldats costauds afin qu'elle cesse d'importuner les militaires qui avaient eut une mauvaise journée. Que faire pour ne pas paraître plus insupportable ? Prenant sur elle, la fleuriste baissa les yeux sur le sol et croisa les bras, certainement pour ne pas croiser le regard peut-être emplit de mépris du Général Ross. Certes elle n'avait pas sa place ici, au milieu de ces hommes qui une fois sur le champ de bataille se battaient avec de simples armes à feu, au fond, elle les méprisait bien plus qu'ils ne se moquaient de sa présence dans la salle, à leur yeux, elle n'était qu'un pion, un larbin qui s'occupait des fleurs, alors qu'elle valait bien mieux que ça.

Les militaires, l'armée... c'était Heimdall qui lui avait décrit ce qu'il voyait sur Midgard avant qu'elle ne parte faire son devoir, mais en écoutant ses paroles, elle pris la décision de ne plus retourner dans le monde des hommes et partit en exile mener ses propres guerres. Combien de temps cela faisait-il ? Des centaine d'années ? Mille ans ? Qui sait peut-être plus... pour la Valkyrie le temps était sans importance, seule la vie comptait et aujourd'hui elle se trouvait en plein cœur de ce qu'elle aurait jadis pris pour des êtres sans importance. Comment expliquer cela, pendant des milliers d'année Reginleif avait conduit de nombreux combattants mort au combat jusqu’à ce qu'ils appelaient le paradis, on festoyait des jours durant à la table d'Odin, c'était l'âge d'or d'Asgard. Malheureusement les temps avaient changés et les mondes avec. Ecartant ces souvenir de sa mémoire, la fleuriste posa ses yeux azur, un regard sans âge, sur la silhouette de l'homme qui faisait son discourt puis elle dit avec une pointe de mélancolie dans la voix.

« Nous avons tous des problèmes mon Générale, et ce depuis la nuit des temps. Certains sont plus injustes et douloureux que d'autres, mais qui sommes nous pour juger si notre propre cause est plus importante que celle des autres ?  La passion domine toujours la raison. »

Elle ne voulait pas l'embêter, elle voulait simplement lui faire comprendre qu'elle aussi n'allait pas bien non plus malgré les apparences et que effectivement, même si l'on pouvait se cacher derrière un masque, il était impossible de vivre éternellement en marchant aux côtés de nos fantômes du passé. Peut-être qu'en commençant une conversation de cette manière elle allait au devant de grands dangers, sa couverture risquait de griller. Après tout son supérieur ne lui avait pas interdit de parler de sa propre vie aux mortels et puis elle s'en fichait. Les hommes ne se préoccupaient plus des dieux et les prendraient certainement pour des fous illuminés s'ils apprenaient à les connaître. Ne laissant transparaître aucune émotion sur son visage, la déesse Asgardienne ne croisa toujours pas le regard du général. Ici elle n'était qu'une fleuriste sans importance.

« Les hommes sont les seuls chasseurs qui tuent lorsqu’ils n’ont pas faim. »

Le dernier dialogue semblait avoir amené le général Ross à réfléchir. Certes il lui répondit d'un ton un peut moins agressif, mais cela n'empêcha pas l'Asgardienne de comprendre qu'elle avait touché un point sensible. Elle ne s'adressait pas à la bonne personne ? Vraiment ? Étouffant un ricanement, la déesse se contenta d'offrir un sourire sans joie au militaire tout en levant enfin ses yeux étincelant, dévisageant ainsi l'homme qui lui faisait face.

« Permettez-moi d'en douter. Tout être vivant agissant sous les ordres d'un être supérieur finit toujours par avoir des ennuis. Regardez ces hommes que vous appelez soldats, en des temps plus anciens on les appelaient des guerriers, qu'ils œuvrent de manière solitaire ou en étant une armée, tous ont un supérieur, que ce soit un homme ou un dieu, peut importe. Qu'ils obéissent est une chose, protéger la vie en est une autre mais quand bien même faut-il savoir laquelle protéger. Tout les soldats sont-ils des êtres qui obéissent toujours aveuglément dans toutes les circonstances ? Non... »

L'Asgardienne ne connaissait rien de cette homme si ce n'est qu'il était général et qu'il faisait partie de l'armée. Elle ne disait pas tout cela en parlant de lui particulièrement mais elle parlait des soldats en générale, personne ne pouvait la contredire car ce qu'elle disait n'était pas un tissus de mensonges. Ce n'était plus la fleuriste qui parlait mais un ancien chef de bataille qui avait un jour payé le prix d'avoir suivit son instinct plutôt que de respecter un ordre de son supérieur. N'attendant pas de réponse de son interlocuteur, Reginleif tourna la tête vers l'homme qui faisait son discours tandis que des images du passé resurgirent dans son esprit, tel un torrent de désespoir, lui rappelant son humiliante condition d'exilée.